Il 26 novembre 2022 ho partecipato al Festival Heteroclite organizzato a Lione dall’omonima rivista. Nel corso della sessione intitolata “Fiabe e reincanti. Ecologie queer, sorellanza e nuove forme di mobilitazione”, ho proposto la rievocazione di due figure femminili tratte dai miei ultimi due libri. Al testo originale del mio intervento segue la traduzione italiana.

Da sinistra: Lucas Iannuzzi, Jeanne Burgart Goutal, Cy Lecerf Maulpoix, Wendy Delorme, Mariano Tomatis, Valentine Fluida Wolf, Filomena “Filo” Sottile

Que fait un illusionniste et écrivain dans ce contexte ? Depuis des années, j’essaie de combiner enchantement et engagement, en utilisant les instruments de la magie dans le contexte de la lutte politique. Dans mes livres, je raconte des histoires si bizarres qu’elles ressemblent à des féeries mais sont authentiques. Dans ces minutes, je rappellerai deux femmes françaises à qui l’on attribuait des pouvoirs magiques et que l’on a fait disparaître de la mémoire parce qu’elles étaient rebelles, insoumises et indépendantes. Leur disparition était une punition, une magie noire exécutée par l’hétéro-patriarcat-cisgender.

Incantagioni (“Enchantements”) est le récit d’un voyage qui s’arrête aussi à Lyon. Si vous consultez les carnets du franc-maçon Willermoz conservés à la bibliothèque de La Part Dieu, ici à Lyon, vous trouverez sur ses pages des gribouillages effaçant le nom d’une femme. Cette femme, née à Chidrac, en Auvergne, dans une famille pauvre, avait perdu son compagnon pendant sa grossesse et souffrait de graves dépressions nerveuses. Nous sommes en novembre de l’an mille sept cent quatre-vingt-quatre et une assemblée de francs-maçons l’accueille à Lyon pour la soigner avec le magnétisme animal. La jeune fille est mise en état de transe et commence à manifester des dons de voyance : elle fait converser les morts, se fait le relais de la volonté des anges et devient une véritable chroniqueuse de l’au-delà. Les francs-maçons transcrivent chacune de ses paroles, l’utilisant comme un télescope psychique, une machine à voir l’au-delà et à en dessiner une carte comme Dante dans la Divina Commedia. Lorsqu’elle réalise que ces hommes croient chacun de ses paroles, elle profite sans scrupules de leur bonne foi, en façonnant les récits des visions afin d’obtenir toutes sortes de privilèges. Comme l’auteur d’une série télévisée, elle dose les révélations soir après soir, gère le suspense, fidélise les auditeurs afin d’accroître son pouvoir sur eux. Les esprits commencent alors à lui demander des faveurs : une voiture pour se déplacer, de l’argent pour payer ses études. Elle utilise également son propre corps pour exercer un pouvoir sur ces hommes, flirtant avec les uns et les autres. L’illusion qu’elle possède des pouvoirs magiques comble l’énorme distance entre sa classe sociale et celle des francs-maçons. Le point de rupture arrive lorsqu’elle prouve qu’elle peut entrer en transe sans avoir besoin de la magnétisation d’un homme : my body my choice, le corps est à moi et c’est moi qui décide. La femme se marie et quitte le cercle, ce qui rend les Maçons furieux. Par vengeance, son nom est effacé de tous les carnets transcrivant ses visions.

Je propose donc une petite formule de re-évocation e re-énchantement:

Jeanne Rochette, patronne des femmes écrivains de science-fiction, aidez-nous à explorer les espaces narratifs pour sonder les limites du Possible, faire une confrontation critique avec la Réalité et faire de nos histoires des outils pour repenser et redessiner l’identité féminine et queer. Amen.

La voyante indécoreuse de Lourdes, titre de mon dernier livre, a vu la Vierge dans les mêmes jours que la plus célèbre Bernadette Soubirous, mais elle a été diabolisée et condamnée à l’oubli parce qu’elle était indécente, excessive et disgracieuse.

Elle s’appelait Joséphine Albario et la reconstitution de sa vie nous permet de voir la violence hétéropatriarcale de la société néolibérale et d’imaginer des formes de résistance collective. Pour être candidat aux miracles de Lourdes, il faut être modeste, bien éduqué, pondéré et faire preuve d’une dévotion soumise aux hiérarchies. Joséphine voit la Vierge mais n’adhère à aucune de ces valeurs.

Elle est insoumise. Elle ne s’arrête pas devant la grotte mais pénètre dans ses recoins humides et secrets ; pour ce faire, elle monte sur l’autel avec ses pieds et escalade une échelle. C’est un geste sacrilège, qui lui fait adopter des positions que la police juge indécentes, dangereuses et immorales. Au cœur de la montagne, Joséphine tombe et s’agite : elle rit et se débat furieusement. Elle voit la Vierge mais semble possédée par le diable, elle pleure de désespoir et n’a pas le décorum de Bernadette. Elle a dix-sept ans et présente les tourments typiques de l’adolescence, qui sont aussi le résultat de relations familiales difficiles. Le curé de la paroisse tente de faire enfermer Joséphine au monastère. Dans le premier, elle est expulsée, dans le second, elle s’échappe mais, ne voulant pas rentrer chez ses parents, elle trouve une indépendance économique en devenant sex worker. Lorsqu’elle apprend cela, sa famille et l’Église l’abandonnent à son sort : voir la Vierge est totalement incompatible avec l’offre de services sexuels. Conclusion : Joséphine a vu le diable déguisé en Marie.

Dans mon livre, je pose la question suivante : que serait devenu Lourdes si elle avait choisi Joséphine au lieu de Bernadette ? Pour y répondre, je propose une contre-histoire de la ville basée sur des documents d’archives qui révèlent son visage plus lumineux, caché et révolutionnaire. Par exemple, à l’époque des apparitions, l’illegalité et la résistance étaient la norme à Lourdes. Des enfants et des femmes pratiquaient la contrebande d’un côté à l’autre de la frontière espagnole. Même Bernadette, lorsqu’elle a vu la Vierge pour la première fois, a été accusée d’être à la grotte pour voler du bois. Au contraire, elle s’y était rendue précisément pour éviter l’accusation de vol, car le lieu des apparitions se trouvait sur un terrain communal, où les personnes dans le besoin pouvaient ramasser du bois de chauffage sans le voler sur des terrains privés. En choisissant ce lieu, la Vierge avait, en quelque sorte, consacré le concept de propriété collective.

Lorsque les gendarmes avaient vidé la chapelle aménagée par la grotte et interdit d’y déposer des objets, les femmes avaient commencé à s’y rendre en procession, bougies à la main : c’était une démonstration spectaculaire de désobéissance collective, qui leur permettait de rejoindre la grotte sans violer l’interdiction. Lorsque la grotte a été barricadée par les gendarmes, à trois reprises les femmes de Lourdes ont réagi en coupant les barrières et en reconquérant cet espace par des processions organisées comme des actions paramilitaires.

Pendant ce temps, dans les montagnes environnantes, les gendarmes dénoncent les fréquentes apparitions d’étranges fées qui sortent des grottes pour saboter les machines des forges et incendier les logements de la police. La « guerre des Demoiselles » a impliqué des centaines de créatures vêtues de blanc et maquillées comme des femmes : sous les vêtements des femmes se dissimulaient des hommes locaux, luttant pour défendre leurs terres contre la privatisation et l’extractivisme sauvage. Les riches propriétaires de l’époque, en revanche, qualifiaient ces attaques de « carnavalesques », comme la morale bourgeoise le fait aujourd’hui devant les manifestations de pride LGBTQ. Aujourd’hui, nous appelons « frivolité tactique » le mode de lutte qui récupère le carnavalesque, en l’employant comme un outil critique d’opposition à ceux qui érigent des barrières et des frontières – physiques ou mentales.

Désobéissante et impossible à dompter, Joséphine Albario est la voyante qui peut nous montrer des formes de résistance, précieuses et nécessaires aujourd’hui plus qu’hier. C’est pourquoi nous pouvons l’invoquer avec ces mots :

O patronne des ucronies, toi qui as fait sauter toutes les barrières – de la barrière familiale au monastère où tu étais emprisonné – aide-nous à faire sauter toutes les barrières normatifs, à effacer toutes les frontières et à nous opposer à la stigmatisation du travail sexuel. Avec votre disparition, vous nous avez rappelé qu’il existe une multiplicité d’issues et un fabuleux éventail de subjectivités opprimées avec lesquelles il est possible de conspirer – aussi et surtout au sens premier du verbe, pour changer d’air et respirer à nouveau ensemble.

Manifesto del Festival Heteroclite (a sinistra) e il Palazzo della Borsa di Lione, sede dell’evento (a destra).

Cosa ci fa, in questo contesto, un illusionista e scrittore? Da anni cerco di unire incanto e impegno, adoperando gli strumenti della magia nell’ambito della lotta politica. Nei miei libri racconto storie così bizzarre che sembrano fiabe (le fééries nel titolo di questa sessione) ma sono autentiche. In questi minuti rievocherò due donne francesi a cui sono stati attribuiti poteri magici e che sono state fatte sparire dalle cronache perché ribelli, disobbedienti e indomabili. La loro sparizione è stata una punizione, una magia nera realizzata dall’eteropatriarcato cisgender.

Il mio libro Incantagioni (NERO Editions 2022) è il diario di un viaggio che fa tappa anche a Lione. Se consultate i quaderni del massone Willermoz custoditi alla Biblioteca La Part Dieu, sulle sue pagine troverete degli scarabocchi che cancellano il nome di una donna.

La donna era nata a Chidrac, in Alvernia da una famiglia povera, aveva perso il compagno durante la gravidanza e soffriva di gravi crisi nervose. Siamo nel novembre 1784 e una congrega di massoni la accoglie a Lione per curarla con la novità del momento: il magnetismo animale. La ragazza viene messa in stato di trance e inizia a manifestare doti di veggenza: fa dialogare la gente con i defunti, si fa tramite del volere degli angeli e diventa una vera e propria cronista dal mondo ultraterreno. I massoni trascrivono ogni sua parola, usandola come un telescopio psichico, una macchina per vedere l’aldilà e disegnarne una mappa come Dante Alighieri. Quando si accorge che quei massoni credono a ogni sua parola, approfitta senza scrupoli della loro disponibilità, plasmando i racconti delle visioni in modo da ottenere ogni sorta di privilegio. Come l’autrice di una serie televisiva, dosa le rivelazioni una sera dopo l’altra, gestisce la suspence, fidelizza gli ascoltatori per accrescere il potere su di loro. Poi gli spiriti iniziano a chiedere dei favori per lei: una carrozza per muoversi, dei soldi per pagarsi gli studi. Usa anche il proprio corpo per gestire il potere su quegli uomini, flirtando con l’uno e l’altro. L’illusione che possieda poteri magici colma l’enorme divario di classe tra lei e i massoni. Il punto di rottura arriva quando dimostra di poter andare in trance senza bisogno della magnetizzazione di un uomo: il corpo è mio e decido io. La donna si sposa e abbandona la congrega, facendo andare su tutte le furie i massoni. Per vendetta, il suo nome viene cancellato da tutti i quaderni che trascrivono le sue visioni. Vi propongo dunque una piccola formula di rievocazione:

Jeanne Rochette, patrona delle scrittrici di fantascienza, aiutaci a esplorare gli spazi narrativi per indagare i confini del possibile, compiere un confronto critico con il reale e rendere i nostri racconti strumenti per ripensare e ridisegnare l’identità femminile e queer.
Amen.

La veggente indecorosa di Lourdes (Eris Edizioni 2022) nel titolo del mio ultimo libro vide la Madonna negli stessi giorni della più famosa Bernadette Soubirous, ma fu demonizzata e condannata all’oblio perché indecorosa, eccessiva e sgraziata. Si chiamava Joséphine Albario e ricostruire la sua vita ci permette di vedere la violenza eteropatriarcale della società liberista e immaginare forme di resistenza collettive. Per candidarsi ai miracoli di Lourdes bisogna essere modesti, beneducati, volenterosi, misurati e dimostrare una remissiva devozione verso le gerarchie. Joséphine vede la Madonna ma non aderisce a nessuno di quei valori.

Lei è disobbediente. Non si ferma davanti alla grotta ma penetra nei suoi recessi umidi e segreti; per farlo, sale con i piedi sull’altare per arrampicarsi su una scala. È un gesto sacrilego, che le fa assumere posizioni che la polizia giudica indecenti, pericolose e immorali. Nel cuore della montagna, Joséphine cade e si agita: ride e si contorce furiosamente. Vede la Madonna ma sembra posseduta dal demonio, piange disperata e non ha nulla del decoro di Bernadette. Ha diciassette anni e mostra i tipici tormenti dell’adolescenza, frutto anche di rapporti familiari tesi. Il parroco prova a chiudere Joséphine in convento. Dal primo viene cacciata, dal secondo fugge ma, non volendo tornare a casa, trova l’indipendenza economica diventando una sex worker. Quando viene a saperlo, la famiglia e la Chiesa la abbandonano al suo destino: vedere la Madonna è del tutto incompatibile con l’offerta di servizi sessuali. Conclusioni: Joséphine ha visto il diavolo travestito da Maria.

Nel mio libro mi pongo una domanda: cosa sarebbe diventata Lourdes se avesse scelto Joséphine al posto di Bernadette? Per rispondere, propongo una controstoria della città basata su documenti d’archivio che svelano il suo volto più luminoso, nascosto e rivoluzionario. Per esempio, nei giorni delle apparizioni, a Lourdes illegalità e resistenza erano la norma. Bambini e donne praticavano il commercio di contrabbando da una parte all’altra del confine con la Spagna. Perfino Bernadette, quando vide la Madonna la prima volta, fu accusata di trovarsi alla grotta per rubare la legna. Era vero il contrario: si era spinta fino a lì proprio per evitare l’accusa di furto, perché il luogo delle apparizioni sorgeva nelle terre comuni, dove le persone bisognose potevano raccogliere materiale da ardere senza rubarlo dai terreni privati. Scegliendo quel luogo, la Madonna aveva consacrato, in un certo senso, il concetto di proprietà collettiva.

Quando i gendarmi avevano sgomberato la cappella installata presso la grotta e vietato di depositarvi gli oggetti, le donne avevano iniziato a raggiungerla in processione con le candele in mano: era una spettacolare dimostrazione di disobbedienza collettiva, che permetteva di raggiungere la grotta aggirando la legge. Quando la grotta fu recintata dai gendarmi, per tre volte le donne di Lourdes reagirono tagliando le reti e riconquistando quello spazio con processioni organizzate come azioni paramilitari.

Intanto, sulle montagne circostanti, i gendarmi denunciavano le frequenti apparizioni di strane fatine che sbucavano dalle grotte per sabotare i macchinari delle ferriere e incendiare i rifugi della polizia. La “guerra delle signorine” coinvolse centinaia di creature vestite di bianco e truccate da donna: sotto gli abiti femminili si nascondevano uomini del luogo, in lotta per difendere la propria terra dalle privatizzazioni e dall’estrattivismo selvaggio. I ricchi proprietari dell’epoca chiamavano quegli attacchi “carnevalate”, come oggi fa la morale borghese davanti alle manifestazioni di orgoglio LGBTQ. Oggi chiamiamo “frivolezza tattica” la modalità di lotta che rivendica il carnascialesco, impiegandolo come strumento critico e di opposizione a chi erige barriere e confini – fisici o mentali.

Disobbediente e impossibile da addomesticare, Joséphine Albario è la veggente che può indicarci forme di resistenza, preziose e necessarie oggi più di ieri. Per questo possiamo invocarla con queste parole:

O patrona delle ucronie, tu che hai abbattuto ogni recinzione – da quella famigliare a quella dei conventi dove ti hanno rinchiusa – aiutaci ad abbattere ogni recinto normativo, cancellare ogni frontiera e opporci allo stigma per il lavoro sessuale. Con la tua sparizione ci hai ricordato che esiste una molteplicità di vie d’uscita e una favolosa schiera di soggettività oppresse con cui cospirare – anche e soprattutto nel senso originario del verbo, cambiare l’aria e tornare a respirare insieme.

Nicoz Balboa (a sinistra) e una pagina del suo carnet da disegno tratta da una sua storia Instagram (a destra).

Dal post su Instagram di Nicoz Balboa.

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